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Le château de Blauzac

Le Château de Blauzac est un bâtiment privé inscrit sur la liste des Monuments Historiques en 2006 parce qu’il constitue un exemple assez rare d’architecture civile et militaire de la fin du Moyen Age, peu modifiée par la suite.

 

Situé au cœur du village médiéval, il est une sorte de « château urbain » que l’on peut comparer à celui de Montaren près d’Uzès.

Sont inscrits le château avec le sol de la cour intérieure et le jardin.

Château Blauzac Gard Occitanie

Le château de Blauzac forme un quadrilatère autour d’une cour carrée à peu près régulière. Une tour à bossage, à l’angle nord-ouest, semble antérieure à la construction du château proprement dit. Elle est dans un bon état de conservation.

Il y avait peut-être une tour à chaque angle (celle du sud-est est encore perceptible dans le bâti actuel).

Le château est édifié en pierres locales : une pierre calcaire blanche et dure, et une pierre plus colorée à grains fins qui se désagrège plus facilement.

Tour Château Blauzac Gard Occitanie

Le castrum (ou village fortifié) de Blauzac apparait pour la première fois dans un texte du 12e siècle (1136).

Vaincu en 1209, le comte de Toulouse le cède à l’évêque d’Uzès.

En 1353 le roi de France accorde la seigneurie de Blauzac à Pierre de DEAUX (apparenté au cardinal Bertrand de DEAUX, futur légat du pape installé à Villeneuve-lès-Avignon).

Le château actuel date probablement de cette époque.

Blauzac Gard Occitanie Languedoc

Ci-dessus : partie centrale du cadastre de Blauzac (exemplaire daté de 1830, Archives départementales du Gard, 3 PFI 39-7).

Le nord est dans le coin supérieur gauche. 

Château Blauzac Gard Occitanie

Brûlé vers 1382 par les Tuchins, en même temps que l’église, le château de Blauzac est peu remanié par la suite : ouverture de fenêtres à croisées à la Renaissance, échauguettes, réfection de la cour intérieure avec galerie et escalier au 18e siècle, percement d’entrées aux 19e et 20e siècles. Il possède un puits intérieur.

Dans le compoix de 1649 il est décrit ainsi : « une maison assez grande, pigeonnier, cazal, cour, jardin et hermas, le tout confrontant la place du levant et le chemin du couchant ».

NB : "cazal" = maison ou local en ruine ; "hermas" = terre abandonnée ; "la place du levant" = l'actuelle place de l'église à l'est.

Le château de Blauzac a été habité jusqu’à nos jours et ne semble pas avoir souffert de dommages majeurs lors des guerres de religion ou lors de la Révolution, mais il a été morcelé entre plusieurs propriétaires après la Révolution.

Château Blauzac Gard Occitanie
Château Blauzac Gard Occitanie

On peut deviner, sur plan cadastral, le tracé supposé des anciens remparts ou "commune clôture". Le nom de la rue du Barry (= des remparts) a été ajouté.

Le château appartient alors (cadastre de 1816) à deux propriétaires : 

- Parcelle n°50 : Alexandre AMALRIC, de Bourdic, cultivateur à Blauzac. Sa "maison et cour et sol de maison et cour" est évaluée à 430 mètres carrés avec une valeur de "classe 3" (16 francs).

- Parcelle n°51 : Pierre CHALVIDAL, cultivateur à Blauzac. Sa "maison et cour et sol de maison et cour" est évaluée à 500 mètres carrés avec une valeur de "classe 2" (22 francs). Il possède aussi la parcelle n°52 (alors un jardin) et il est en litige avec la commune pour la parcelle 52 bis (une sorte de terrasse probablement à l'emplacement des remparts).

 

Malgré leur superficie considérable, ces deux propriétés ne sont pas les plus imposées de la commune (la "classe 1" est imposée à 30 francs), preuve probablement de leur mauvais état ou mauvais entretien. Leurs propriétaires sont d'ailleurs des "cultivateurs" et ne font pas partie des "notables" de cette époque (qui ne résident pas tous à Blauzac) : les familles Colomb, Moustardier, Pintard, Ripert, Sagniers, De Roche, D'Anglas, D'Amoreux, D'Arnaud-Vallabrix, Verdier-Allut, (Saint)-Vincent.

 

En ce début de 19e siècle, le vieux château blauzacois est alors bien "déclassé" ; et il n'offre plus les commodités de vie attendues par les riches "propriétaires", les "rentiers" (ex-nobles ou bourgeois)...

Château Blauzac Uzès Gard Occitanie
hâteau Blauzac Uzès Gard Occitanie

Le Musée Georges-Borias d’Uzès conserve 230 carreaux médiévaux provenant du château de Blauzac. Ils sont semblables à ceux du Palais des papes d’Avignon et proviennent d’ateliers de Saint-Quentin-la-Poterie. On peut les dater du 14e siècle. 

Pour en savoir plus sur ces carreaux :

"Le château de Blauzac a été construit au milieu du XIVe siècle pour Pierre de DEAUX, neveu du cardinal Bertrand de DEAUX, grand dignitaire auprès des papes d’Avignon, en particulier BENOIT XII. Bertrand de DEAUX se fait lui-même construire un palais cardinalice à Villeneuve-lès-Avignon entre 1338 et 1348, il l’a peut-être décoré de carrelages comme ceux que BENOIT XII venait de commander ?

Lorsque son neveu Pierre obtient la seigneurie de Blauzac en 1353, il bénéficie sans doute d’un approvisionnement chez le même fournisseur que la cour papale...

Le carrelage a donc probablement été posé à ce moment, entre 1353 et 1355 (date de la mort du cardinal Bertrand de DEAUX)."

Brigitte CHIMIER, Conservatrice du Musée Georges-Borias, "L'Objet du mois, novembre 2012"

Château Blauzac Uzès Occitanie
Château Blauzac Uzès Occitanie

Sources :

- Rapports et avis rédigés pour l’inscription du Château au titre de MH : ceux de Josette CLIER, Laurent HUGUES, Robert BOURRIER, Thierry ALGRIN. La notice « Mérimée » résume l’ensemble.

- André SABIN a consacré un hors-série de la revue Mémoire d’Histoire en Uzège et Gard (avril 2010) à la famille d’ARBAUD (originaire d’Arles) qui possédait le château aux 17e et 18e siècles. Jean d’ARBAUD, confirmé en noblesse en 1661, abjure le protestantisme en décembre 1684. Son épouse préfère s’enfuir au Refuge avec plusieurs de ses enfants.

 

Brigitte CHIMIER : "L'objet du mois de novembre 2012 : carreaux de pavement du 14e siècle"

https://www.dropbox.com/s/ut5fxwe1a3yb7qk/objet%20du%20mois%202012-11.pdf?dl=0 

Pour comparer avec Uzès : Jean MESQUI, "Les châteaux d'Uzès", Congrès archéologique de France, Gard, 157e session, Paris, 2000, p. 376-411.

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