Monument aux Morts ou Monument du Souvenir inauguré le 8 mai 2017 (cliché Fabrice Cabane)
A l’issue de la Première Guerre mondiale, Blauzac ne construit pas de monument aux morts. Peu de communes font alors ce choix.
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Une plaque avec la liste des morts de la paroisse catholique est quand même apposée dans l’église et une autre plaque, pour les soldats protestants, est fixée dans le temple (voir photos : l'église à gauche et le temple à droite). Enfin, une affiche "patriotique" avec la liste de tous les Blauzacois tués est apposée en mairie dans la salle du Conseil municipal (photo du bas).
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La municipalité vote aussi une subvention extraordinaire pour financer le monument aux morts de toutes les victimes gardoises. Il est construit à Nîmes, square Charles Mourier, aujourd’hui square du 11 Novembre 1918.
Un siècle plus tard, la municipalité de Serge Bourdanove entreprend la construction d’un Monument du Souvenir sur le parvis de la Mairie. Il est inauguré le 8 mai 2017 en présence de nombreux Blauzacois, notamment des enfants, et d’anciens combattants (voir photos).
Le 11 novembre 2018, pour le centenaire de l’armistice, une cérémonie réunit des personnalités politiques aux anciens combattants et aux Blauzacois (voir photos).
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Le monument (voir photos) rend hommage « aux enfants de Blauzac morts pour la France » durant les deux Guerres mondiales (21 tués pour la Première et 2 pour la Seconde) et la Guerre d’Algérie (2 tués), mais aussi « aux victimes des attentats » terroristes plus récents.
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L’architecte d'intérieur blauzacoise Véronique Reboul Luccioni a suggéré à la fois l’éclatement (les obus, la guerre) et la nécessaire reconstruction et réconciliation (la paix). Les trois monolithes en pierre de Bourgogne peuvent évoquer les guerres mondiales, la guerre d’Algérie et les attentats. Ils sont placés à l’ombre d’un majestueux micocoulier et près d’un olivier, symbole de paix.
Le monument a été réalisé par les élèves tailleurs de pierre du lycée professionnel Georges-Guynemer d’Uzès (l’actuel Lycée Charles-Gide).
Inauguration le 8 mai 2017 sur le Parvis de la Mairie par Monsieur Serge Bourdanove, maire de Blauzac (clichés Mairie de Blauzac)
A la demande de la municipalité blauzacoise, l’historien et généalogiste Grégory Viguié a réalisé une recherche sur les 21 Poilus blauzacois tués durant la Première Guerre mondiale (dont 4 étaient d’ailleurs des « engagés volontaires »).
Elle a été publiée aux éditions Lacour à Nîmes en 2017 : Les Poilus de Blauzac, Morts pour la France, 78 pages.
Nous pouvons en retenir quelques éléments et les comparer avec les données nationales.
Quand les 21 Blauzacois sont-ils morts ?
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6 tués en 1914, 5 en 1915, 4 en 1916, 3 en 1917 et 3 en 1918.
Cela correspond au schéma national : 1 967 soldats français meurent chaque jour en moyenne en 1914. 956 pour l’année 1915. 690 en 1916 (malgré les batailles de Verdun et de la Somme). 450 en 1917 (l’année des mutineries et des révolutions en Russie). Et 748 en 1918 (jusqu’au 11 novembre). Encore 26 000 hommes meurent après l’armistice.
En moyenne, 870 Poilus sont tués chaque jour entre août 1914 et novembre 1918 (et 2 303 blessés par jour).
A l’échelle nationale, environ 17 % des hommes mobilisés sont morts.
Parmi les troupes combattantes, c’est 18 % des soldats et 22 % des officiers qui sont tués.
Dans l’infanterie, parmi les combattants, c’est un quart des soldats et un tiers des officiers qui sont morts.
Comment sont-ils morts ?
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13 Blauzacois sont « tués à l’ennemi », 3 des « suites de blessure », 2 des « suites de maladie », 1 « disparu » et 2 « autres ». Par ailleurs, 2 Blauzacois sont morts dans les hôpitaux allemands.
A l’échelle nationale, environ la moitié des hommes sont « tués au feu », 19 % des « suites de blessures », 13 % des « suites de maladie » et 17 % portés « disparus ».
Les sources militaires n’indiquent l’origine exacte de la mort que pour 10 % environ des tués. Les premières semaines du conflit, c’est essentiellement par balles ; et ensuite c’est par « éclats d’obus ». Globalement, la plupart des soldats français sont tués par « éclats d’obus », assez peu par balles et très peu à l’arme blanche ou à cause des gaz. Il y a aussi les maladies, les suicides, les homicides internes à l’armée française (bagarres, règlements de compte, etc) et les accidents (chevaux, camions, etc).
L’origine des blessures est, quant à elle, précisément notée dans les sources militaires. Sur 100 blessures : 60 le sont par éclats d’obus, 34 par balles, 0,3 par armes blanches. Peut-être que 2 à 3 % des blessures seraient volontaires.
Un soldat peut avoir été blessé plusieurs fois durant le conflit.
Les « blessures » ou les troubles psychologiques, très nombreux, sont mal répertoriés, surtout au début du conflit.
Qui étaient ces 21 Blauzacois tués ?
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18 étaient « cultivateurs », 1 « boucher » et 2 « étudiants ».
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Ils avaient 27 ans en moyenne le jour de leur décès. Le plus âgé était né en 1877 et le plus jeune en 1898.
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17 habitaient à Blauzac et 4 dans le Gard.
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1 était officier (le sous-lieutenant Robert Catrix), 4 sous-officiers et 16 hommes de rang.
Ces données sociologiques correspondent bien au schéma national, au moins pour la France rurale, qui représentait à la veille de la guerre 56 % des Français.
Où reposent les corps ?
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C’est difficile à savoir. Au moins 2 Poilus sont encore enterrés au cimetière de Blauzac (mais peut-être plus). 7 le sont dans les nécropoles nationales. On ne le sait pas pour les 12 autres soldats.
Au recensement de 1911, la population de Blauzac était de 572 habitants. Elle n’était plus que de 543 habitants à celui de 1921. Mais la baisse avait commencé dès les années 1850 et n’est donc pas imputable à la seule guerre mondiale.
Centenaire de l’Armistice du 11 novembre 1918
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Discours de Monsieur le Maire de Blauzac, Serge Bourdanove, en présence (de gauche à droite) du Maire d’Uzès, du Préfet du Gard, du Président du département, du Député de la circonscription et de la Conseillère départementale du canton d’Uzès (clichés Mairie de Blauzac)