L'église paroissiale de Blauzac
Saint-Baudile, puis Notre-Dame à partir du 14e siècle
BAUDILE (ou BAUZILE, BAUZELY, etc) a évangélisé le pays nîmois et a été décapité à Nîmes à la fin du 3e siècle.
Par transformations successives (Blandacum, Blanzach, etc), il est possible que le nom de cet illustre martyr ait fini par donner « Blauzac ».
Faire le tour de l’église permet de la dater, d’en comprendre l’histoire, d’en saisir la complexité et la beauté
La façade nord, en belles pierres de taille calcaires bien appareillées, daterait de la deuxième moitié du 12e siècle et pourrait être contemporaine de la construction du château voisin. On peut y relever de nombreuses marques sur les pierres (voir ci-dessous).
L’abside et la sacristie dateraient du 14e siècle (travail plus grossier, calcaire gréseux, nombreuses marques sur les pierres).
L’église est détruite en partie par les Tuchins en 1382-83, en même temps que le château. Elle aurait été transformée en écurie (comme celle d’Arpaillargues).
La façade sud a été ensuite (quand ?) complétement reprise avec des pierres de récupération mal appareillées.
L'église de Blauzac offre ainsi un visage atypique où l’histoire saute aux yeux…
Du 16e au 18e siècle : guerres de religion et Révolution
Contrairement à d’autres églises de l’Uzège ou de la Gardonnenque, celle de Blauzac n’est – semble-t-il – pas endommagée lors des guerres de religion au 16e siècle, lors des guerres de ROHAN dans les années 1620 ou encore lors de la guerre des Camisards au début du 18e siècle.
A Blauzac, la majorité des habitants devient protestante, mais, comme dans tout le royaume, ils sont forcés de rejoindre l’Eglise catholique après la révocation de l’édit de Nantes (1685). L’église de Blauzac accueille donc à nouveau la totalité des habitants : les « anciens catholiques » et les « nouveaux convertis ».
Au 18e siècle, les co-seigneurs de SAINT-VINCENT font bâtir leur caveau (« cavot ») familial dans une chapelle (côté nord). Il demeure une plaque tombale (voir ci-dessous).
En piteux état à la veille de la Révolution, l’église est utilisée comme temple de l’Etre Suprême et de la Raison, mais elle traverse cette période – semble-t-il encore – sans dommage physique, avant d’être restituée à l’Eglise catholique en 1799.
L'église sous le Second Empire
Sous le Second Empire (1852-1870), période de grand renouveau catholique en France, l’église blauzacoise est profondément remaniée :
- Le vieux cimetière attenant à la façade sud est définitivement supprimé. Un cimetière « hors les murs » existait déjà sous la place du 8 Mai ; et l’actuel cimetière blauzacois, route d’Aubarne, est inauguré en 1856. A la place du cimetière de l’église, un jardin est concédé au curé.
- Le presbytère est entièrement reconstruit (actuel n°2 de la place du château).
- Sur la façade ouest de l’église, le porche actuel est ouvert. Il donne sur la place, embellie de micocouliers, et où se dresse à partir de 1866 une imposante Croix de mission (une seconde Croix est édifiée au croisement du chemin des Barettes et de la montée des Côteaux). Un puits communal est encore utilisé et ne sera détruit que dans les années 1950.
NB : les maisons accrochées à la façade ouest de l'église ne figuraient déjà plus sur le cadastre de 1816 (la parcelle y est qualifiée de « jardin » et appartient à la commune).
- La porte sud, désormais inutile, est murée. Mais l’encadrement de la porte est encore visible.
- Enfin, un monumental clocher est édifié.
C’est donc sous le Second Empire que l’église et son environnement prennent l’allure que nous lui connaissons encore.
Du 20e siècle à nos jours...
Après la Séparation des Eglises et de l’Etat (1905), l’application de la loi sur les « Inventaires » (1906) ne semble pas poser de problème majeur pour la fabrique de Blauzac et pour les paroissiens.
Après la Première Guerre Mondiale, une plaque est apposée dans l'église pour rappeler la mémoire de douze Blauzacois de la paroisse "morts pour Dieu et la Patrie" (voir ci-dessus).
Une plaque équivalente se trouve au temple pour se souvenir de sept Blauzacois réformés "morts au champ d'honneur".
A partir des années 1960, les curés de Blauzac « modernisent » l’église en détruisant l’autel, la chaire, la rampe de la table sainte, les boiseries murales, les enduits des murs… Ils mettent à nu, sur le mur intérieur sud, une étrange inscription gravée (voir photo).
Après un orage en 2002, le clocher est rebâti à l'identique.
Depuis 2009, on peut admirer une cathèdre dans le chœur de l’église. De style gothique, ce bel objet en pierre a été taillé par le Compagnon du Devoir et du Tour de France Adrien CANITROT, un enfant du village…
Complément bibliographique
- André SABIN, « L’église de Blauzac », Revue Mémoire d’Histoire en Uzège et Gard, n°2, janvier 2010, p. 8-30.
- Robert CHAMBOREDON, « Sortie sur la colline des Moulins (Mont Duplan) sous la conduite de Francine CABANE », Revue d’histoire de Nîmes et du Gard, n°33, 2018, p. 156-160.