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Jean Rodat, l’autre camisard blauzacois

 

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Si Laurent Ravanel demeure la grande figure camisarde à Blauzac, son compatriote Jean Rodat s’est également illustré dans le combat mené par les protestants pour la liberté de conscience et de culte à la fin du règne de Louis XIV.

Nous le connaissons surtout grâce à sa « Déclaration et suite du sieur Jean Rodat de Blauzac et qui était de ladite guerre des dits Camisards ».

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Histoire de cette Déclaration

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L’original de la Déclaration de Jean Rodat est conservé dans les archives d’Antoine Court à la bibliothèque de Genève (volume 17 K f° 87 et suivants). Le pasteur Antoine Court avait, au 18e siècle, recueilli un grand nombre de témoignages oraux et écrits pour rédiger son Histoire des troubles des Cévennes ou de la guerre des Camisards sous le règne de Louis le Grand (1760) [1]. Pour restaurer pacifiquement le protestantisme dans le royaume de France, Court voulait d’abord en mieux connaitre l’histoire, notamment celle des persécutions engagées par Louis XIV et qui avaient provoqué la guerre des Camisards à partir de 1702.

A la fin du 19e siècle, au moment du fort regain d’intérêt historiographique à propos des Camisards, le pasteur Emile Gaidan a recopié pour la Bibliothèque de la Société de l’histoire du protestantisme français à Paris (ms 617 K) plusieurs récits de Camisards contenus dans les « Papiers Court », dont celui de Rodat. La relation de Rodat est brève : 23 pages manuscrites.

C’est cette copie qu’a utilisée Batiste Mongazon pour son mémoire de master [2] soutenu à Angers en 2017 (non publié).

Nous utiliserons ici le travail de Mongazon, sans méconnaitre qu’entre le récit – probablement oral – de Rodat au début du 18e siècle et le mémoire de 2017, de multiples « filtres » (Court, Gaidan, Mongazon, moi-même) ont probablement multiplié les erreurs. Mais gageons que ce soient des fautes de transcription des noms propres, qui n’entachent en rien la valeur historique d’ensemble du témoignage – de première main – du camisard Jean Rodat, qui a réellement participé à la plupart des grands combats camisards. Sa Déclaration se présente sous la forme d’une chronique qui, curieusement, ne respecte pas toujours la chronologie des évènements. Rodat apparait parfois lui-même dans son récit, qui est certainement le résultat d’un dialogue (avec Court ?).

 

Qui est Jean Rodat (ou Roudat) ?

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Jean Rodat n’est pas un camisard de premier plan comme Rolland, Cavalier, Ravanel, etc. Et nous savons très peu sur lui.

Rodat n’apparait qu’à une seule reprise dans la monumentale Guerre des Cévennes d’Henri Bosc [3] (consultation de l’index). Dans le tome V (p. 553), Bosc cite un document dans lequel Cavalier envisage de devenir colonel d’un régiment royal à l’issue des négociations avec le maréchal de Villars (mai 1704). Cavalier divise son futur régiment (cela ne se fera pas) en 15 compagnies. La 4e compagnie aurait été dirigée par le capitaine Jonquet et Rodat en aurait été son lieutenant (deux sergents et 46 soldats compètent la compagnie).

Dans son Dictionnaire des Camisards, Pierre Rolland [4] est à peine plus prolixe : « Rodat (Roudat) Jean, de Blauzac. D’après sa relation, il fut de toutes les grandes batailles de Cavalier : Vagnas, Nages, la Tour de Billot, Martignargues, Brueys, la Prairie d’Alès, la Madeleine. Mais il les cite dans le plus grand désordre chronologique. C’est le Roudat de Blauzac sur la liste du régiment espéré par Cavalier comme lieutenant [voir ci-dessus]. Il ne se rend pas avec lui, mais se rend sans ses armes un peu plus tard. Il part en Suisse et il est pensionné à Lausanne comme soldat du 15 décembre 1704 au 12 février 1705. »

La famille Rodat est attestée au moins dès le 16e siècle à Blauzac. Dans le compoix de la fin du 16e siècle, André Rodat possède de nombreux biens qui couvrent 8 pages du dit registre [5]. Il possède notamment, dans le centre du village, une maison de 17 cannes, ce qui en fait une des plus vastes (celle de messire Chambarrut contient 38 cannes ; le mas de Jean Castilhon 32 cannes ; le mas de Claude Fontarèches 21 cannes ; et la maison du viguier Claude Cabrol 21 cannes). Selon le généalogiste André Sabin, André Rodat pourrait être un co-seigneur de Blauzac.

 

« Déclaration et suite du sieur Jean Rodat de Blauzac et qui était de ladite guerre des dits Camisards » [6] 

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« Et premièrement à la bataille qui se donna à Vagnas. Il vint cinq compagnies à la pointe du jour pour nous faire l’attaque, et que nous étions déjà vendus, mais lorsqu’on les vit venir le sieur Cavalier fit deux corps de sa troupe, l’un pour donner à la tête et l’autre en flanc et en queue de sorte que la poursuite dura une grande lieue qui fûmes jusque à la rivière d’Ardèche tellement qu’ils furent tous défaits, excepté une quinzaine d’hommes qui leur resta et nous ne perdîmes qu’un seul homme, un nommé Laplume qui était de Foissac [7], proche de Fontcouverte. En sorte qu’en nous retournant sur nos pas, nous fîmes rencontre de Jullien, l’apostat [8], avec ses troupes, au nombre de 1 500 hommes et alors fallut recommencer à se battre contre des gens tout frais. Et nous qui avions essuyé une forte matinée et encore, pour chose contraire, nos armes toutes mouillées de la neige qui tombait dessus et elles ne pouvaient point prendre feu, ce qui nous contraignit à nous retirer comme nous pûmes et même nous étions tous dispersés donc de cette affaire.

Lorsque le sieur Cavalier vit cette déroute, il se cacha dans un buisson, où il resta jusqu’au lendemain avec trois ou quatre hommes avec lui ; et moi, Rodat, je me trouvai avec cinquante hommes qui ne me quittèrent point et nous fûmes en Couze [?] proche de S[aint]-Ambroix [9].

Après, le sieur Ravanel [10] ramena environ 300 hommes et puis aussi Cavalier nous vint joindre et nous nous rassemblâmes tous sur les confins de S[aint]-Hippolyte[-de-Caton]. Et puis, ayant reconnu notre monde, nous trouvâmes qu’il nous manquait sept hommes et six prisonniers qui furent passés par les armes à S[aint]-Just. Mais contre notre déroute, l’ennemi en fut pour passer cinquante morts sans les blessés. Après ce, étant rejoints, nous fîmes notre marche vers Alais [Alès] et nous fûmes attaqués au-dessous de Venobres [Vézénobres]. Là où nous les poursuivîmes jusqu’au Gardon où on en tua beaucoup comme il leur fallait passer à la nage, et nous fîmes douze prisonniers qui eurent le même sort qu’avaient eu les nôtres [11].

Nous fûmes attaqués le long du Gardon par les dragons Fimarcon [12] à S[aint]-Seruix [Saint-Sériès ?] là où il se donna un combat fort opiniâtre tant d’une part que d’autre. Il y eut beaucoup de morts et de blessés qui eurent le même sort, qu’avaient eu les nôtres, d’être passés par les armes.

Puis nous nous avançâmes vers S[aint]-Bénézet et là nous fûmes attaqués le long du Gardon par les dragons du régiment Fimarcon à S[aint]-Seruix [Saint-Sériès ?], là où il se donna un combat fort opiniâtre tant d’une part que d’autre, qu’il y eut beaucoup de morts et blessés. Nous y perdîmes 15 hommes et puis nous nous retirâmes dans le bois, mais ils y furent pour beaucoup de pertes – ainsi qu’il nous fut rapporté [13].

Ensuite de ce, dans quelques jours après, nous fîmes notre marche du côté de Villeseche [Villesèque]. Nous fîmes rencontre d’un détachement d’infanterie de 200 hommes que nous avons tout défaits, et ceux qui étaient de reste en vie, au nombre de 12, furent prisonniers et en même temps passés par les armes.

Et puis nous fîmes notre marche du côté de Sauve où nous fîmes rencontre d’un autre détachement de cent grenadiers. Nous leur fîmes l’attaque et ils étaient si bien retranchés qui fit qu’ils se défendirent vivement pendant une heure et demie, et ils se battaient en désespérés. Mais nous, les ayant pris de tous côtés, ils ne furent plus en pouvoir de vigoureuse défense, tellement qu’il n’en resta point en vie et nous y perdîmes cinq hommes y ayant un nommé Jallaguier qui exhortait le monde, qui fut bien regretté.

Dans quelque temps après, nous avons été attaqués proche le château d’Aubais par les dragons de Grandval là où le combat dura environ une heure et nous les dispersâmes, dont une partie passa dans Sommières, et l’autre dans le château d’Aubais dont il y resta le commandant du Foy et six dragons et plusieurs blessés et alors nous nous retirâmes sans perte de notre côté [14].

Quelque temps après nous fîmes notre marche du côté de Vergèze et nous fûmes attaqués par deux régiments [d’]infanterie et quelques compagnies de dragons pour soutenir. Nous avons perdu quelqu’un de nos gens mais il en resta un bon nombre de leur côté, ne pouvant pas en faire le détail [15].

Après quelques jours nous fûmes du côté de Nages. Nous fûmes attaqués par l’infanterie la première fois dont le combat fut assez rude. Et tant de part que d’autre, il y a eu bien des morts, mais ne pouvant vous en dire le nombre [16].

Encore quelque temps après, nous eûmes occasion de passer à Nages, là où il fallut se battre contre passé 5 000 hommes tant cavalerie qu’infanterie, de sorte que toujours combattant en retraite le sieur Cavalier fut enveloppé par trois soldats et un officier survint de surplus criant aux soldats de le prendre en vie et de ne le point tuer. Mais ledit Cavalier, voyant qu’ils s’approchaient de lui, tous, tua le premier l’officier d’un coup de mousqueton et en même temps, [avec] ses pistolets il tua aussi les soldats [17]. Et ainsi, étant débarrassés de là, nous entrâmes dans le bois du Leim du côté de Sauve, et quand nous fûmes un peu de repos nous fîmes la revue de notre monde et il se trouva que nous avions perdu 200 hommes. Mais du côté de l’ennemi, il y en avait beaucoup plus, ainsi qu’il nous fut rapporté le lendemain [18]. Et puis quelque temps après, nous marchâmes vers la tour de Billot [19] où nous fûmes vendus et surpris tout d’un temps.

Cela fut à la minuit que la bataille se commença et dura jusqu’au lendemain, soleil levant. Les ennemis voulaient encore aller faire venir des canons d’Anduze pour tirer contre la tour ne sachant pas le nombre de gens qu’il y avait dedans. Mais, par malheur, un autre de leurs officiers répondit que non qu’il fallait faire avancer le monde pour mettre feu à la porte de la dite tour [20], de sorte qu’il en resta 40 qui furent tous brulés ou passés au fil de l’épée et dehors, dans le combat, 160, ce qui fit 200 hommes que nous fîmes de perte. Et, ce qui fut bien cruel, c’est qu’après, tous ceux qu’ils trouvèrent, morts ou blessés, ils les jetèrent dans la citerne qui était près ; l’ennemi y perdit encore plus : tous leurs grenadiers et plusieurs charretées qu’on emporta, de blessés à mort [21], en sorte que dans la rage où étaient les officiers d’avoir perdu leurs grenadiers, ils disaient que s’ils eussent rencontré celui qui leur avait indiqué cette tour, ils l’auraient coupé en morceaux. Mais après, nous en avons fait la rencontre et l’avons tué (son nom était Guigon), et même nous lui trouvâmes encore la plus grosse partie des louis d’or qu’on lui avait donnés pour nous vendre, dont il nous déclara qu’il en avait reçu 50 [22].

Ensuite de ce, nous fîmes notre marche du côté de Ners, où le régiment de la Marine nous poursuivit, sans s’arrêter, qui ne nous donnait pas le temps de manger puisqu’il nous fallut quitter notre soupe à Moussac et que, cette nuit, nous poursuivirent jusqu’à La Court de Cruvié [Cruviers-Lascours], là où ils s’arrêtèrent jusqu’au lendemain et y tuèrent un homme et une fille. Le lendemain, ayant fait un peu de pluie, ils suivirent nos pas de sorte qu’étant venus à la vue de notre sentinelle, sitôt qu’elle les aperçut, elle avertit de se préparer et qu’ils étaient là en grande furie et dit au sieur Cavalier de pourvoir à prendre les plus justes mesures. Lors le dit s[ieur] Cavalier dit : « Mes frères, redoublons nos prières et armons-nous des armes de la foi et nous serons vainqueurs. Aucun de nous ne perdra la vie ! Rassurez-vous et croyez que l’Eternel des armées nous délivrera de leurs cruelles mains ».

Enfin, en continuant son exhortation, il mit deux brigades le long d’un ruisseau qui traversait le chemin où nous prenait l’ennemi et puis choisit 16 hommes pour faire l’avant-garde, étant ordonné d’avoir ventre à terre et de ne point tirer ni remuer, pas seulement la tête, jusqu’à ce que le sieur Cavalier tirerait. Donc l’ennemi fit une décharge tout entière sur nous et même ils partagèrent leurs troupes. Les dragons de Fimarcon étaient pour soutenir la droite et la gauche des deux corps qu’ils avaient faits pour venir fondre sur notre cavalerie et ils foncèrent sur nous, les deux partis tous à la fois, là où ils firent encore plusieurs décharges. Lors, Cavalier nous dit encore : « Mettons ventre à terre tous et sans qu’aucun paraisse ! »

Pour lors, l’ennemi crut nous avoir tous tués et ils dirent entre eux : « Mettez la baïonnette au bout du fusil pour les aller achever de détruire ». Mais quand ils furent à portée de notre coup, Cavalier se leva et il tira son coup de signal, ainsi tout se leva à la fois en chantant : « Miséricorde », psaume 51 [23], de sorte que l’épouvante les prit avec une si grande déroute qu’il ne leur fut pas possible de se rallier et nous poursuivîmes le reste, environ une trentaine, jusques au château de S[aint]-Sezari [Saint-Césaire-de-Gauzignan]. De là nous nous sommes retirés pour voir la revue des morts : nous eûmes 22 hommes blessés, mais point de morts, et les blessés en sont guéris bientôt. De leur côté ils perdirent environ 500 hommes ayant entre autres 22 officiers tant colonels, capitaines et lieutenants, et un de marque, chevalier de la croix de Malte, ce qui fit bonne prise, croix que croix [24].

Quelque temps après nous fîmes rencontre des miquelets [25] à Bruze [?] et plusieurs autres troupes, mais leur attaque ne fut pas d’une longue résistance puisque nous entrâmes dans les bois pour éviter d’être enveloppés de toutes parts. Là, nous perdîmes trois hommes et quant à eux, nous ne pouvons savoir le nombre parce que nous ne retournâmes pas en arrière pour en faire la visite.

Encore ci-devant, nous avions défait quelques compagnies qu’il y avait à Euzet [26] que nous surprîmes et dont il n’en échappa guère.

Ensuite vous me demandez [27] de l’affaire de Saturargues et S[aint]-Serrière [Saint-Sériès]. Il y fut brûlé ou tué environ 100 personnes dans ces deux villages, après nous avons brulé Campagnac et Vith [Vic], proche le pont S[aint]-Nicolas [28], il y eut des tués ou brulés une trentaine de personnes. Nous avons perdu un homme, le nommé Jacques de Bervix qui aussi exhortait et faisait assembler.

Après cela, nous avons fait un détachement de 40 hommes à cheval et autres 40 en croupe derrière eux. Nous fîmes en Provence brûler 2 ou 3 endroits où il y en eut des morts et blessés 80, et de là nous nous retirâmes sans perte.

Ensuite au bois de Candiac, là où le capitaine Poule [29] fut tué avec quelques-uns de ses poulets [sic], lui qui s’était vanté à l’intendant [Basville] qu’il ne demandait que 8 jours pour achever de détruire les Camisards. Mais après leur grande déroute, nous nous sommes retirés sans perte.

De notre côté, quelque temps auparavant, nous fîmes rencontre des dragons à S[aint]-Chaté [Saint-Chaptes] qui voulaient nous surprendre, lesquels nous poursuivîmes près d’une lieue et puis nous gagnâmes le bois sans perte.

Quelque temps devant cela, nous avons été engagés dans une autre action au-dessous d’Alais [Alès] dans la Prairie de la ville et nous les avons battus et poursuivis jusqu’à la ville et l’autre partie au château de S[aint]-Christeau [Saint-Christol-lez-Alès] [30].

Une autre action fut celle de Maruéjols[-lès-Gardon] proche [de] Cardet par des troupes de dragons et d’infanterie, mais je ne me souviens pas [31] du grand nombre que les ennemis étaient supérieurs à nous. Pourtant notre combat se finit sans grand perte. Nous perdîmes un nommé Mathieu de Lascours qui exhortait [32].

De là nous fûmes encore attaqués par deux détachements d’infanterie qui crurent nous engager au milieu. Mais nous les poursuivîmes jusqu’à ce qu’ils s’enfermèrent dans le château de Tournai [Tornac ?], et cela leur servit de bonne retraite deux fois, mais avec bien des pertes de leur côté. Nous avons eu quelques blessés, mais point de pertes de morts.

Quelque temps auparavant, nous avons fait rencontre de miquelets que nous avons battus et poursuivis jusqu’à ce qu’ils rencontrèrent le château de Fressac qui leur servit de bonne retraite. Et ils n’eurent que trois hommes tués et quelques blessés, et nous les laissâmes enfermés au château, et nous nous retirâmes sans pertes.

Après, dans quelques temps, nous nous sommes battus à Lussan, là où nous fûmes vendus et que [des] troupes nous eurent environnés dès la pointe du jour, là où nous avançâmes contre l’ennemi jusqu’aux prises dont le combat fut assez opiniâtre et toujours en retraite jusqu’à ce qu’ils eurent trouvé une grange pour se retrancher. Là où il en resta beaucoup autour de ladite grange, au nombre de 80, de sorte qu’ils furent contraints d’abandonner leurs retranchements et prendre la fuite, jusqu’à ce qu’ils ont trouvé le bois. Et nous avons alors cessé de les poursuivre parce que leur retranchement alors était trop fort, et nous nous retirâmes sans pertes [33].

Pour d’autres petites actions, il y en a eu assez desquelles je ne me souviens pas de toutes, mais en voici quelques-unes, comme l’église de Victh [Vic, commune de Sainte-Anastasie] brulée, et le prêtre tué à une heure de là, et ceux qui l’escortaient se sauvèrent et on leur prît leurs armes qu’on cacha. Ensuite celle de l’église de S[aint]-Maurice[de-Cazevieille] proche de Castelnau[-Valence] [34] ; l’église brulée et aussi à S[aint]-Bénézet ; celle de Maruejols[-lès-Gardon] et celle de Lédignan avec le curé et son valet qui se furent mis dans l’église et plusieurs autres aussi dans la Vaunage, desquelles je ne me souviens pas des noms comme aussi plusieurs d’autres en des endroits des Cévennes que Jacques Marty [Martin] a oublié de dire et qu’on joint ici comme le château de Mandajors [35], rasé et l’église, brulée ; celle des Ponts, celle de Branoux, celle de La Mélouse et d’autres qu’on ne sait pas les noms des lieux [36].

Le maréchal de Villars [37], [étant] arrivé à la place de monsieur de Montrevel, fit faire de grandes cruautés par le commandant Planque, qui était à Lasalle dont ils firent passer au fil de l’épée des vieillards et de pauvres femmes et enfants en grand nombre dans les communes de Caderles et autres endroits des environs et c’était pour n’avoir pas allé dans les villes ou à Lasalle et abandonner leurs endroits [38].

Aussi le 8 octobre 1704 arrivèrent à Genève, Catinat [39] et Castanet [40] avec quelques autres camisards. Et il restait Turenne [41], Roze [42], Adam [43] et quelques autres qui tenaient la campagne.

Laissons cela et venons au traité que le sieur Cavalier fit au mois de mai 1704 [44]. Il demandait en premier lieu le rétablissement de l’édit de Nantes et aussi que les prisonniers et galériens fussent délivrés, du moins tous ceux qui étaient pris depuis le commencement de cette guerre, ce qui lui avait été accordé, mais le tout pour le tromper [45].

Ensuite, voyant qu’on ne lui tenait pas la promesse qu’ils lui avançaient, lui en faisant le bon valet, aussi pensant à se pouvoir débarrasser d’entre eux, ce que faisait ledit Cavalier tâchait de tenir la main sur ceux qui devaient partir avec lui et puis, sitôt qu’il eut son ordre, il part avec sa compagnie au nombre de 80 hommes, mais qu’il avait compté sur 100. Mais comme le dit Rodat [46] resta après lui comme bien d’autres qui ne prirent pas la route crainte, comme il y avait bien apparence de tromperie. Enfin on lui donna la route pour Mâcon [47] et lorsqu’il fut arrivé ils y ont resté quelque temps. Et c’est de là qu’il partit avec un homme avec lui pour aller devant le roi, qui l’avait fait demander et qui désirait de le voir. En sorte qu’après lui avoir parlé, le roi lui dit qu’il fut sage et lui confirma l’assurance d’un brevet de colonel et lui dit qu’il irait au Vieux Brisach où il se vit bien tellement trompé qui ne fut rien à son retour de ce que le roi avait déclaré et, au lieu de colonel, que lieutenant-colonel, et de plus escorté par une compagnie d’archers pour le conduire jusques à Brisach.

Mais le dit sieur Cavalier, qui était depuis quelque temps prévenu de cela, il était d’autant plus rassuré et, ensuite, connaissant leurs desseins captieux et mauvais, il avertissait ses gens tous les soirs de se tenir prêts, au moindre signal et, étant venus jusques sur les frontières de Montbéliard, à un village [48], il avertit tous ses gens qu’ils se dispersassent à partir et le sieur Cavalier, parlant à ces archers et prévôts, leur dit : « Messieurs, mes gens ont accoutumé la campagne ; vous me ferez plaisir qu’ils soient mis dehors à la prairie ». Ce qui lui fut accordé et lui faisant le libre accès auprès de ces messieurs, en les engageant à boire et du bon, qu’ils n’en prirent tant que chacun se coucha comme il pût et le dit Cavalier, voyant qu’ils étaient pris de vin, il commanda à son valet d’aller faire boire les chevaux et c’était là le signal. Ce que le valet exécuta promptement, de sorte qu’ils laissèrent les archers endormis et eux prirent leur marche du côté de Montbéliard, là où ils prirent un homme pour les conduire en sûreté. Et enfin, il arriva heureusement avec son monde à Lausanne, là où il resta jusqu’à ce qu’il eût son brevet de colonel et de là il passa en Piémont et puis encore commandé pour aller en Espagne où il eut le malheur de perdre [49].

On ne doit pas oublier d’insérer ici la mort du bienheureux martyr nommé Pierre Plan [50]. Ils étaient trois frères et une sœur qui tous ont passé par le cas du martyre. Ils étaient natifs de la communauté de Peyroles par-dessus S[aint]-Jean-de-Gardonnenque, le tout en Cévennes et très zélés disciples pour prononcer la parole de Dieu en tous lieux où il était appelé. Il fut pris à Lézan, chez un nommé Bernard, hôte et boucher, et Mourgues, du dit lieu, consul, avec 6 ou 7 hommes à milice de ladite communauté, le prirent, lièrent avec son cousin Bouteille [51] qu’était avec lui, et cela fut le premier mardi de carême 1697. Le lendemain on appela m[onsieur] le capitaine Bruguères de S[aint]-Jean-de-Serres qui vint avec sa compagnie pour le conduire à Montpellier où ils arrivèrent le jeudi au soir avec son cousin Bouteille qu’avait été pris avec lui et ledit fut condamné aux galères à vie et le bienheureux pendu le vendredi au soir. On lui reprocha son ministère. Lui, répondit qu’il ne savait ni lire ni écrire, mais qu’il était obligé de faire valoir ce que Dieu lui avait donné. Lors ils prenaient cette parole pour blasphème, disant de quoi se vantait-il. Enfin dès aussitôt qu’il vit le lieu du supplice, il prononça les mêmes paroles que ses autres frères qui l’avaient précédé sur le même supplice : « Voici cet aimable lieu où je vois l’échelle dressée pour monter au ciel ! Oh ! Que ce lieu est agréable et délicieux puisqu’il veut me faire aller souper dans ce beau festin où tout y est préparé en abondance et puis cette belle compagnie d’anges qui m’attendent avec les séraphins et toute cette armée céleste ! ». De sorte qu’il repoussa toujours vivement ces mauvais satellites et, parlant toujours constamment avec le même raisonnement qu’avaient fait ses frères qui l’avaient précédé, malgré le grand bruit des tambours. Il ne cessa jusqu’à ce que Dieu lui eût retiré son âme au ciel. Il y avait même des papistes, beaucoup, qui s’étonnaient de voir qu’il n’était rien changé.

Et puis, le 22 mai 1705, fut rompu vif à Nîmes un nommé Chevallier [52] de Normandie qui était camarade de Catinat et de Ravanel ; un autre, nommé Abraham [53], camarade de Francezet [54] et ce fut par rapport qu’il fut rapporté qu’ils étaient sortis du royaume. Ils avaient reentrés dedans pour faire soulever derechef. »

 

Et après…

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La dernière phrase de Jean Rodat est tout à fait exacte. Plusieurs camisards partis au Refuge, pensionnés quelques semaines ou quelques mois, rentrent ensuite en Languedoc pour poursuivre la lutte. Certains essaient, en vain, de soulever le Vivarais protestant. Ces tentatives durent jusqu’en 1710. La mort d’Abraham Mazel, les armes à la main, à Uzès le 14 octobre 1710, marque bien la fin d’une lutte armée entamée dès le 24 juillet 1702 par l’assassinat de l’abbé du Chaila au Pont-de-Montvert (et Mazel était déjà l’un des chefs du coup de force du 24 juillet 1702).

Désormais, une nouvelle stratégie s’ouvre : Antoine Court va peu à peu réorganiser pacifiquement les églises au « Désert » ; il va aussi, on l’a vu, recueillir le maximum d’informations sur les tragiques évènements déroulés depuis la révocation de l’édit de Nantes (1685) et le déclenchement de la guerre des Camisards (dont la Déclaration de Jean Rodat). Et c’est ainsi que le crypto-protestantisme huguenot va subsister dans le royaume jusqu’à l’édit de Versailles signé par Louis XVI en 1787 (un édit de « tolérance »), et la Révolution deux ans plus tard.

Quant à Jean Rodat, nous ne savons pas ce qu’il est devenu après avoir narré son histoire à Antoine Court. Il n’apparait pas dans les registres de mariages et de décès de la paroisse de Blauzac au 18e siècle [55]. Et il n’y a plus de compoix connu à Blauzac au 18e siècle. Tous les Rodat ont – semble-t-il – disparu du village : ils n’apparaissent plus dans les archives concernant Blauzac à partir du 18e siècle [56].

 

Notes :

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[1] Court a travaillé une quarantaine d’années à ce projet qui n’est publié qu’en 1760 à Genève (« Villefranche ») en trois volumes. La réédition aux Presses du Languedoc en 2002 fait désormais autorité (édition critique dirigée par Patrick Cabanel, Pauline Duley-Haour, Philippe Joutard, Pierre Rolland et Otto Selles). L’intervention d’Hubert Bost au Colloque du Pont-de-Montvert en 2002 (25-26 juillet) éclaire l’ensemble de l’œuvre de Court : « L’affleurement religieux dans l’historiographie camisarde d’Antoine Court », dans : Les Camisards et leur mémoire, 1702-2002, Colloque du Pont-de-Montvert, Montpellier, Les Presses du Languedoc, 2002, p. 127-139.

[2] Violence religieuse et répression dans les Cévennes au début du XVIIIe siècle. Les témoignages des Camisards Jean Massip, Jean Rampon, Jacques Martin, Jean Rodat et Claude Béchard. Mémoire de master 2 sous la direction de Didier Boisson. 191 p. + annexes.

[3] Henri Bosc, La Guerre des Cévennes, 1702-1710, 6 tomes, Montpellier, Les Presses du Languedoc, 1985-1993.

[4] Pierre Rolland, Dictionnaire des Camisards, Montpellier, Les Presses du Languedoc, 1995.

[5] Conservé aux Arch. dép. du Gard, 1 J 315.

[6] La mise en page, l’orthographe, les accents, les majuscules et la ponctuation sont actualisés ; en revanche la tournure de phrases est conservée, en maintenant donc un style oral très descriptif et énumératif.

[7] C’est Espérandieu, de Foissac, surnommé Le Plumeau Rouge ou La Plume, qui est tué au cours du combat de Vagnas le 10 février 1703. Ancien officier de l’armée, c’était l’un des principaux chefs de Cavalier.

[8] Julien abjure le protestantisme, d’où son surnom de « l’apostat ». Il s’engage dans l’armée de Louis XIV. Et en janvier 1703 il est affecté dans les Cévennes sous le commandement de Montrevel.

[9] Le fait est attesté par plusieurs témoignages. Ici, Rodat se donne le beau rôle : son chef se cache avec trois ou quatre hommes, alors que lui garde la maitrise de ses troupes. Difficile à vérifier.

[10] Originaire du hameau de Malaïgue à Blauzac, Laurent Ravanel est issu d’une famille de longue date établie à Blauzac. Il est présenté comme un peigneur de laine et un châtreur de cochon. Probablement ancien soldat de l’armée royale, il est également « inspiré ». Il devient assez vite l’un des principaux adjoints de Cavalier.

[11] C’est le combat de Maruéjols-lès-Gardon. Passer par les armes les prisonniers devient la règle dans cette guerre.

[12] Ce régiment de dragons appartient au marquis de Fimarcon.

[13] Rodat fait la différence entre les actions où il participe lui-même et les actions qui lui sont rapportées, donnant ainsi une plus grande valeur à son témoignage.

[14] Ce combat se déroule le 17 décembre 1703.

[15] Combat du 23 novembre 1703.

[16] Rodat fait preuve de mesure : quand il ne sait pas, il n’invente pas des pertes ou des gains fantaisistes.

[17] Les Mémoires de Cavalier confirment ces faits.

[18] Le combat de Nages a lieu le 12 novembre 1703.

[19] La tour de Billot (ou Belhot), à Bagard, près d’Alès. Une stèle a été apposée en 1953 par le Musée du Désert (SHPF). Elle mentionne la mort de 300 camisards qui périrent par le feu dans la nuit du 29 au 30 avril 1703.

[20] Cavalier raconte qu’à l’issue des combats, les troupes royales, croyant l’avoir tué, avaient présenté sa tête à ses parents enfermés à la prison d’Alès. Pour Jacques Bonbonnoux, cette cuisante défaite est une punition divine, suite à des exactions commises par les camisards.

[21] Cavalier évalue les pertes ennemies à 1 000 morts et blessés, ce qui parait très exagéré.

[22] Ce meunier avait d’abord obtenu la confiance de Cavalier, avant de le trahir. Cavalier avait été lui-même apprenti boulanger non loin de Bagard, à Anduze.

[23] « Ô Dieu ! aie pitié de moi dans ton amour. Selon ta grande miséricorde, efface mes fautes ». C’est la prière du roi David après des péchés épouvantables. Il ne s’agit pas du « psaume des batailles » (le psaume 68), souvent entonné par les camisards durant les combats.

[24] Ce combat du 14 mars 1704 est effectivement une grande victoire pour Cavalier. L’affaire fit grand bruit à Versailles car il ne s’agissait pas, cette fois, de guérilla mais bien d’une bataille rangée « à la régulière ». Cavalier récupère même le cheval du capitaine La Jonquière. Les estimations de Rodat sont corroborées par d’autres sources.

[25] Ce sont des soldats royaux originaires du Roussillon, habitués aux montagnes et sans aucune pitié. Leur cruauté semait la terreur.

[26] C’est dans les bois et les grottes proches d’Euzet que Cavalier avait caché ses réserves, ses munitions et les camisards blessés et soignés.

[27] Les camisards ont beaucoup massacré de civils dans ces deux villages et Rodat doit en répondre à son interlocuteur. Les sources catholiques et royales corroborent bien sûr ces exactions.

[28] C’est limitrophe de Blauzac, le village natal de Rodat. Il connait très bien les lieux et, là aussi, les camisards commirent beaucoup de massacres (ce que Rodat admet). Ce sont des villages ou des hameaux majoritairement catholiques qui jouxtent des villages plutôt protestants (Sanilhac, Blauzac, Saint-Chaptes, etc.).

[29] Le capitaine Poul (et non Poule !) est tué au combat le 12 janvier 1703. La chronologie est vraiment malmenée dans le récit de Rodat !

[30] C’est le combat du mas de Cauvi (24 décembre 1702). La Prairie c’est la plaine alluviale à l’ouest d’Alès.

[31] Rodat se montre prudent et n’affirme rien dont il ne soit sûr, ce qui rend son témoignage digne de foi.

[32] Mathieu de Cruviers-Lascours, peigneur de laine comme Ravanel, est lui aussi un « inspiré ».

[33] Est-ce le combat de Lussan (26 octobre 1703) ?

[34] L’église de Saint-Maurice-de-Cazevieille est brûlée le 12 octobre 1702.

[35] Les camisards incendient ce château dans la nuit du 6 au 7 février 1703.

[36] Il est indéniable que les camisards ont semé la terreur dans tout le pays catholique, n’épargnant ni les prêtres, ni les civils !

[37] Le marquis de Villars devient maréchal de France en 1702 et il remplace le maréchal de Montrevel dans la lutte contre les camisards en avril 1704. Immédiatement, il négocie la reddition de Cavalier. Il devient duc en 1705.

[38] Rodat évoque la stratégie de la terre brûlée (ou dévastation) de Montrevel. Pour couper les Camisards de la population civile qui les aide, les renseigne, les ravitaille et les nourrit, des villages, des hameaux et des fermes furent littéralement « brûlés » et leurs habitants « déportés ».

[39] Abdias Maurel, dit « Catinat », est originaire du Cailar en Camargue. C’est un « gardian » et c’est lui qui commande la « cavalerie » de Cavalier. Il est également « inspiré ». André Chamson a romancé son épopée dans La Superbe (Plon, 1967) et lui a consacré une biographie : Catinat, Gardian de Camargue, Chef de la cavalerie camisarde, Plon, 1982.  Catinat refuse de suivre Cavalier dans les négociations, mais après la défaite de Ravanel (septembre 1704), il se rend et rejoint effectivement Genève en octobre 1704. Il retourne cependant en Languedoc et participe au « complot des Enfants de Dieu ». Il est arrêté et brûlé avec Ravanel, à Nîmes, le 21 avril 1705.

[40] Henri Castanet est le chef des troupes camisardes dans le massif de l’Aigoual. Il se rend en septembre 1704 et rejoint Genève (avec Catinat). Mais il retourne en Languedoc en décembre 1704 et tente de soulever, en vain, le Vivarais. Arrêté, il est jugé et rompu vif à Montpellier le 26 mars 1705. André Chamson lui a consacré un roman : Castanet, le Camisard de l’Aigoual (Plon, 1979).

[41] David Devic, dit « Turenne », est l’un des trois frères Devic du Cailar (comme Catinat). Avec ses frères et Catinat, il participe à l’exécution du baron de Saint-Côme, le 12 août 1702, qui avait déclenché la stupeur de la cour versaillaise. On ne sait pas trop ce qu’il devint, les sources le confondant souvent avec ses deux frères.

[42] La Rose était le surnom de plusieurs Camisards.

[43] Est-ce Adam Fournier, chantre et premier brigadier de Cavalier ? Ou peut-être son fils ?

[44] Dès le 12 mai 1704, Cavalier engage des pourparlers de paix. Il négocie la reddition en espérant obtenir en échange un titre de colonel d’un « régiment camisard », la libération des galériens, des prisonniers, y compris les femmes et les enfants, et la liberté de conscience et de culte pour les réformés. Mais il provoque une rupture avec plusieurs Camisards, dont Ravanel, et jamais le roi ne reviendra sur la révocation de l’édit de Nantes.

[45] Rodat est assez lucide (il est vrai qu’il écrit a posteriori), tant des intentions de Cavalier que de celles du roi.

[46] Rodat ne suit donc pas son chef Cavalier, il fait partie de ceux qui continuent le combat étant persuadé de la « tromperie » royale. C’est Ravanel qui va désormais les diriger. Rodat parle de lui-même à la troisième personne, ce qui est assez fréquent dans les mémoires des Camisards, mais ce qu’il ne fait pas au début de cette Déclaration.

[47] Cavalier quitte Nîmes en juin 1704 pour former son régiment à Brisach. A Mâcon, il négocie une entrevue avec le roi. Malgré les dires de Rodat et de Cavalier lui-même, il semble bien que cette entrevue n’ait jamais eu lieu (c’est l’opinion d’Henri Bosc par exemple).

[48] Ornans (près de Besançon) selon les Mémoires de Cavalier.

[49] Tous ces faits sont rapportés aussi par Cavalier dans ses Mémoires. Devenu colonel d’un régiment du duc de Savoie, composé en partie d’anciens camisards et de huguenots réfugiés, Cavalier participe à la guerre de Succession d’Espagne dans l’armée anglo-portugaise contre les troupes coalisées françaises et espagnoles. Il est vaincu et grièvement blessé en avril 1707 à la bataille d’Almansa.

[50] On ne comprend pas très bien pourquoi Jean Rodat revient nettement en arrière dans son récit. En effet, le martyre des frères Plan précède la guerre des Camisards. Ensuite Rodat termine son récit, de manière plus logique, avec des camisards exécutés en 1705, mais pas les plus célèbres (Ravanel et Catinat par exemple).

[51] « Bouteille, Pierre. Né vers 1674, fils d’Estienne et Anne Fine, neveu de Pierre Plan (prédicant), tisserand. De Saint-André-de-Valborgne. Condamné à Montpellier, pour assemblée, le 22 février 1698. Mort à l’hôpital le 4 février 1699. » (source : site du Musée du Désert)

[52] Guillaume Delorme, originaire de Normandie, est surnommé « Chevalier ». Catholique, converti protestant, il rejoint Cavalier avant d’être pris, à moins qu’il ne se rende. Il s’échappe et rejoint Catinat, dont il aurait été le « bourreau » de sa troupe. Il est arrêté à Nîmes et accusé de faire partie du « complot des Enfants de Dieu ». Il est rompu vif le 22 mai 1705.

[53] Lui aussi est accusé de faire partie du « complot des Enfants de Dieu ». D’après Louvreleul, sa sœur dénonce Francezet et Abraham est ainsi gracié.

[54] François Sauvage, surnommé « Francezet », se rend avec Catinat le 18 septembre 1704 et rejoint le Refuge suisse.  Il revient pourtant en France où il est dénoncé et brûlé le 30 avril 1705 à Nîmes.

[55] Les exemplaires communaux sont conservés aux Arch. dép. du Gard et sont mis en ligne. Il s’agit des registres de la paroisse catholique, qui enregistrent aussi les « nouveaux convertis » (de force pour la plupart). Les registres tenus par les protestants ne sont conservés ni aux Arch. dép. du Gard ni aux Arch. communales de Blauzac.

[56] Il en va de même pour la famille Ravanel.

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