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Le temple protestant

Le premier temple

Dès le 16e siècle un premier temple est présent à Blauzac.

Pour situer la demeure de Louis de FRAYSSINES, le compoix de la fin du 16e siècle précise :

"Au lieu de Blauzac, par le Temple, une maison, cazal, cour & andronne, du levant Mathieu de Ravanel, escuyer, du couchant Jean Jullian, fils d'Estienne et Barthélémy Ducros, d'aure droit la rue, du marin le dit Jullian & Jean Cornut".

NB : "andronne" : un accès très étroit ; "d'aure" : du nord.

On peut en déduire qu'il se situait rue du Blauzaguet (en face de la rue du Parizet).

Détruit au moment de la révocation de l’édit de Nantes (1685), il n'en reste aucune trace.

Temple Blauzac Gard Occitanie

Une situation provisoire et inconfortable au début du 19e siècle...

Les réformés blauzacois attendent 1802 ou 1803 pour pouvoir s’assembler provisoirement dans une salle de la « Maison commune », dite parfois "la tour" (n° 310), sur l’actuelle place de la Mairie.

 

Mais ce lieu, qui accueillait aussi le "four commun" et un local où les fourniers entreposaient le bois de chauffe, convenait évidemment mal à un lieu de culte utilisé par presque la moitié de la population.

 

NB : ladite "tour commune" sera finalement - et malheureusement ! - détruite au cours du 19e siècle lorsque la municipalité achètera la demeure de Madame D'ANGLAS (n° 307 ; la famille des anciens seigneurs) pour la transformer en mairie, en salle d'école et en logement pour l'instituteur (...un logement est même envisagé pour le pasteur !).

Voir ci-dessous l'extrait du plan cadastral daté de 1830 (Archives départementales du Gard : 3 PFI 39-7).

Temple Blauzac Gard Occitanie
Le temple actuel 

 

Le chef-lieu de la "section" protestante étant à Garrigues depuis les lois concordataires de 1802, le conseil municipal de l'époque, à large majorité catholique, refuse en 1804 de financer la coûteuse érection d’un temple à Blauzac (non sans que les conseillers municipaux protestants s'opposent par écrit à cette décision !). Blauzac et Arpaillargues se séparent, en 1805 semble-t-il, de la "section" de Garrigues pour en former une à part. Le statu quo est maintenu...

Après la chute de Napoléon, les relations s'enveniment en Uzège et dans le Gard entre protestants et catholiques. Sous la Restauration, les protestants, à Blauzac comme à Uzès ou dans le Gard, apparaissent trop "bonapartistes", trop liés à la Révolution et à ses désordres. Le maire Antoine MOUSTARDIER est même suspendu provisoirement par le préfet pour n'avoir pas su maintenir l'ordre dans sa commune. De guerre lasse, les protestants finissent par se persuader que la municipalité ne financera jamais un temple...

C’est donc après une souscription privée parmi les fidèles qu’un terrain est finalement acheté en 1817, et qu'un temple est construit l’année suivante. Il sera la propriété du conseil presbytéral.

Ce temple ressemble à beaucoup de temples construits à cette époque : sobre à l’extérieur (aucune décoration, pas de symbolique) comme à l’intérieur (une chaire, la Bible, un piano, des bancs).

Il est également surmonté d’une cloche.

Une plaque à la mémoire de sept protestants blauzacois "morts au champ d'honneur" lors de la Première Guerre mondiale sera apposée à l'intérieur du temple après 1918.

Une autre plaque est fixée dans l'église en l'honneur de douze Blauzacois catholiques "morts pour Dieu et la Patrie".

Temple Blauzac Gard Occitanie
Aujourd'hui...

Le recensement de 1846 relève 353 protestants à Blauzac pour 862 habitants au total, soit environ 41 % de la population.

Ils sont encore 320 en 1881 pour 672 habitants, soit 48 % de la population (selon un document du consistoire de Saint-Chaptes).

Mais le nombre et la proportion de fidèles protestants vont diminuer considérablement au cours du 20e siècle.

Dans l'enquête menée par Philippe Cheminée en 1963, les protestants ne sont plus que 77 à Blauzac, soit environ 17 % de la population (452 habitants). Une enquête, il est vrai, où il faut "se déclarer" protestant.

Deux cultes par mois y sont encore célébrés. Blauzac est dans les années 1960 le siège d'une "paroisse protestante" qui couvre les villages d'Arpaillargues (81 protestants), Aubussargues (41 protestants), Blauzac, Bourdic (22 protestants), La Calmette (60 protestants), Dions (79 protestants) et Sainte-Anastasie (17 protestants). Cette paroisse fait partie du Consistoire dit de la "Gardonnenque".

 

Peu à peu le protestantisme s'efface...

Le temple de Blauzac demeure la propriété du consistoire jusqu’à sa vente en 2005 à la municipalité pour l’euro symbolique. Bâtiment privé, il était devenu trop coûteux d’entretien pour une communauté de plus en plus réduite et de moins en moins pratiquante.

Devenu un lieu municipal de culture et d'exposition, il continue néanmoins d’accueillir les cérémonies de "l'Eglise protestante unie de France".  

Sources :

- André SABIN, "Les temples de Blauzac", Mémoire d'Histoire en Uzège et Gard, n°1, septembre 2009, p. 7-22.

- Philippe CHEMINEE, Le Gard protestant, mythe ou réalité ?, Résultat d'une enquête sociologique menée en mars 1963 dans la 9e Région de l'Eglise réformée de France, Thèse présentée à la faculté de théologie protestante de Paris, sous la direction de Georges Casalis, 109 p. + annexes (non publiée).

- André ENCREVE, Protestants français au milieu du XIXe siècle, Les réformés de 1848 à 1870, Genève, Labor et Fides, 1986, 1 120 p. (thèse de doctorat, 1983).

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